Un pèlerinage d’hiver – Nancy et Emile Friant

Nous avons passé, Susie et moi, quatre nuits agréables, trois jours complets, à Nancy les premiers jours de décembre. Très peu de touristes étrangers donc la place Stanislas était luxueusement spacieuse et il n’y avait pas de files d’attente pour les musées (mais n’oubliez pas, si vous y allez, de réserver la Villa Majorelle en ligne).

Le Musée des Beaux Arts de la Place Stanislas est un bijou. Heureusement les conservateurs, avec lesquels j’ai eu le plaisir d’être en contact, expriment leurs convictions plus largement que l’impression rigide donnée par Wikipedia (https://en.wikipedia.org/wiki/Museum_of_Fine_Arts_of_Nancy) entre autres. Wiki ne mentionne même pas Émile Friant, le génie réaliste lorrain qui fuyait le mouvement impressionniste et qui fut donc perdu de vue après sa mort en 1932. Heureusement, ce musée présente une douzaine de ses plus belles œuvres dont Jeune Nancéienne dans un Paysage de Neige , Les Canotiers de la Meurthe, La Toussaint, Les Amoureux (Idylle sur le Passerelle) et La Petite Barque.

Émile Friant – L’Étudiante – 1923

Leur exposition de 2016 présentait quelques centaines de tableaux de Friant et, à mon avis, a déclenché un regain d’intérêt pour son travail… le dénouement est la vente de L’Étudiante en novembre 2021 pour 304 000 €.

Déjà en novembre 2019, un pastel de 1890 d’une jolie modiste (63 x 46,5 cm) s’envolait jusqu’à 324 000 €, engrangeant ainsi à son créateur un record du monde pour une œuvre sur papier. A la même vente, le Portrait de Madame Gustave Paul (54,5 x 45 cm), huile sur toile de 1888, assise au piano pour 122 360 €. À tous les niveaux commerciaux, Friant fait désormais partie des plus grands.

J’ai eu le plaisir de rencontrer brièvement Michèle Leinen, experte en art et collaboratrice du musée, qui travaille avec Muriel Mantopouluos qui m’a tant encouragée ces deux dernières années. Les politiciens et les personnalités de la mairie sont crédités dans le catalogue de l’exposition 2016 mais je suis sûr que ce sont les experts(es) permanents(es) du musée qui font la différence, comme ces deux-là et d’autres, même la spécialiste des nouveaux médias Sophie Toulouse qui a l’interprétaté de facon fictif Les Amoureux sur https://musee-des-beaux-arts.nancy.fr/en/the-collections-3207/a-little-more-friant-17034.html

Le même Musée des Beaux Arts a un étage inférieur plein d’objets en verre de l’établissement Daum, classés par ordre de date afin que vous puissiez voir leur progression à travers les modes de la fin du 19e et du début du 20e siècle. Dans mon livre Sculpted Love, la fictive Cécile est embauchée par le réel Daum pour son premier emploi.

Atelier Emile Friant vers 1887

Les œuvres de Friant rendent la visite très intéressante, surtout pour un fanatique de Friant comme moi, mais la gamme de peintures d’autres grands artistes est un bonus. Chef-d’œuvre du romantisme, La Bataille de Nancy (1831) d’Eugène Delacroix est une œuvre phare des collections nancéiennes. J’ai apprécié Voluptueux et autres de Victor Prouvé qui était un contemporain de Friant à Nancy. Le réalisme et le naturalisme des années 1850 à 1900 sont représentés par Gustave Courbet (Portrait de Zélie), Jules-Bastien Lepage (Ophélie). Il y a Édouard Manet et Claude Monet pour ne pas oublier les impressionnistes (comment pourrions-nous ?) plus Édouard Vuillard, Félix Vallotton, Henri Matisse, Raoul Dufy, la muse et épouse d’Utrillo Suzanne Valadon et Pablo Picasso. https://musee-des-beaux-arts.nancy.fr/

Au Musée de l’École de Nancy, en dehors du centre-ville, les friandises sont principalement le mobilier et la décoration, mais il y a en plus des peintures de mes favoris nancéiens Émile Friant et Victor Prouvé. Autant le personnel de la galerie des Beaux-Arts était extraordinairement bien informé, autant ceux de l’Ecole de Nancy ne semblaient pas être intéressés ou informés en ce qui concerne les aspects historiques ou artistiques. Il y avait un sentiment similaire à la Villa Majorelle voisine où l’accent était mis sur l’arrivée à l’heure du rendez-vous, enfiler des chaussettes surchaussures et ne pas trop traîner. Les millions dépensés par la ville pour rénover la Villa donnent un résultat stérile ; les faux panneaux de porte en bois dur et la pierre brillante semblent superficiels comme un monde Disney. Mais au cœur de la Villa Majorelle se trouve certainement l’un des joyaux artistiques et architecturaux de l’Art Nouveau. https://musee-ecole-de-nancy.nancy.fr/

Dans mes recherches sur Émile Friant, je n’avais pas trouvé grand-chose sur sa ville natale. Nous avons donc roulé en voiture jusqu’à Dieuze, à 60km à l’est de Nancy dans un paysage dénudé qui fut en Allemagne de 1870 à 1918. La mairie de Dieuze a une photo de Friant dans l’escalier d’entrée à côté d’autres notables de Dieuze. L’office de tourisme de la mairie n’avait aucune information sur Friant. Mais ils nous ont recommandé de visiter l’Office de Tourisme de l’Association des Salines Royales – Dieuze a été pendant 100 ans un centre d’extraction et de fabrication du sel. Là, nous avons rencontré Gael Heusienne, charmant et bien informé, qui n’aurait pas pu être plus utile. Il nous a vendu deux livres sur Dieuze avec un chapitre chacun sur Friant. Gael a parlé au téléphone avec l’historien Bernard François, Président de l’Association des Salines Royales. Il répondra aux questions que nous lui enverrons par e-mail.

Lieu de naissance d’Emile Friant – le Crédit Agricole à Dieuze

Gael a pu également nous donner la décevante nouvelle que le lieu de naissance de Friant sur la Place du Marché de Dieuze a été bombardé en mille morceaux pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous sommes allés voir le site; aujourd’hui c’est une succursale du Crédit Agricole.

L’Association des Salines Royales (http://www.salinesroyales.fr/) propose une biographie sur chacun des héros de la ville comme http://www.salinesroyales.fr/wp-content/uploads/BIOGRAPHIE-EMILE-FRIANT1.pdf. Je ne peux m’empêcher de penser que la lumière récente sur Friant donnera à la ville une raison de célébrer plus pleinement sa vie… plaque sur la maison, mini exposition permanente avec reproductions de ces oeuvres en taille originale, vente de livres et de reproductions d’art.

Présentation et discussion de Sculpted LoveLe premier lancement mondial du livre Sculpted Love, mon roman de 2020 autour de Nancy dans les années 1890, a eu son premier événement public… à Nancy. J’ai eu le plaisir d’être invité par Les Amis de la Bibliothèque Américaine de Nancy pour prendre la parole lors de leur événement régulier à la Bibliothèque Américaine le jeudi 2 décembre 2021 à 16h30. J’ai présenté le sujet « La bonne fiction ne se distingue pas de la réalité » avec des images des peintures d’Emile Friant de mon livre. J’ai posé quelques questions sur la réalité, la fiction historique, les illustrations de romans, les vrais personnages de romans et ce qui fait une bonne toile de fond pour un roman… la discussion entre la vingtaine de participants, majoritairement anglophones, a été des plus engageantes. En parallèle, je me suis inspiré d’exemples de mon livre Sculpted Love qui se déroule à Nancy dans les années 1890. Je remercie Mme Michelle Howe-Gauchot des Amis de la Bibliothèque Américaine de Nancy (gauchot.michelle@gmail.com) qui a organisé l’événement avec un préavis de dix jours. Cet événement de la Bibliothèque Américaine a également vu le jour grâce aux efforts de Mme Verena Denry de la Mairie de Nancy. Elle est Directrice des Relations Internationales, Pôle Culture et Attractivité à la Mairie de Nancy (vdenry@mairie-nancy.fr). J’espère pouvoir venir à Nancy en 2022 à sa demande, peut-être pour leur salon du livre en septembre. Je remercie en même temps les 40 amis Nancéiens que j’ai rencontré par email et par Facebook (surtout Nancy Retro) qui m’ont été d’une grande aide pour m’orienter vers des sources d’informations pour mon prochain roman, la suite. Surtout, mes remerciements à Muriel Mantopouluos du Musée des Beaux-Arts de Nancy qui m’a tellement encouragée lorsque j’ai demandé les droits de reproduction des images d’Emile Friant dans leur collection… à partir de ce moment l’idée du roman illustré est née. Merci.

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